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Nom de code : « Siège 12 » ! par Thomas Grimaux Imprimer
Auteur : XA
Sujet : Nom de code : « Siège 12 » ! par Thomas Grimaux
Date : 2008-01-07 10:52:21

Nom de code : « Siège 12 » !
(La Nef n°180 de Mars 2007)


Depuis la pièce de théâtre Le Vicaire et les « documents irréfutables » sur laquelle elle s’appuie, l’Église est présentée comme « complice de l’Holocauste » et Pie XII comme « sympathisant d’Hitler ». Mais l’ancien patron des services secrets roumains vient de confesser que les documents sont des faux, créés par le KGB. Retour sur l’une des manipulations les plus réussies de l’histoire, l’opération « Siège 12 ».

par Thomas Grimaux


Étonnamment, jusqu’en 1963, personne ne pense à critiquer l’Église pour son rôle lors des années de guerre. Mais, à cette date, une pièce de théâtre, Le Vicaire, de Rolf Hochhuth, accrédite l’idée selon laquelle Pie XII aurait été un allié d’Hitler. Le producteur, Erwin Piscator, répond aux critiques formulées devant une telle œuvre partisane en avançant qu’il possède quarante pages de documents irréfutables. La polémique enfle. Des milliers d’articles, majoritairement à charge, sont publiés. La pièce est traduite en 20 langues, jouée partout, de Berlin à Londres, en passant par New York… En 2002, les Français découvrent le film Amen, de Costa Gavras, avec le jeune Matthieu Kassovitz. Le verdict est sans appel, l’Église est complice de l’Holocauste comme l’affiche le montre : une croix gammée est mêlée au crucifix avec ce simple mot pour titre Amen. Amen, c’est-à-dire « d’accord ».
Mais voilà, coup de tonnerre, dans un article du 25 janvier 2007, le lieutenant général Ion Mihai Pacepa dévoile la machination connue sous le nom de code « Seat 12 », « Siège 12 ».
De qui s’agit-il ? Du plus haut officier des services secrets de l’Est jamais passé à l’Ouest. De l’ancien « patron » des services roumains. Du maître d’œuvre de la manipulation. De quoi s’agit-il ? D’une formidable conspiration marxiste visant à discréditer l’Église, non plus en la taxant d’alliée de l’impérialisme américain mais en la présentant comme complice d’Hitler. La cible est trouvée, Pie XII – d’où le nom de l’opération « Seat 12 ».
« En février 1960, précise l’ancien espion, Nikita Khrouchtchev approuva un plan secret destiné à saper l’autorité morale de l’Église dans les pays occidentaux. Eugène Pacelli, qui devint le pape Pie XII, fut sélectionné par le KGB comme cible principale de l’incarnation du mal parce qu’il décède en 1958. Or, “les hommes morts ne peuvent se défendre eux-mêmes” » et, Mgr Pacelli ayant servi comme nonce à Munich et Berlin, il est plausible de le présenter comme un « antisémite, encourageant l’Holocauste ». Mais, pour cela, encore faut-il des preuves. Bien sûr, elles n’existent pas. Alors le KGB décide de les fabriquer. Ce sera l’ambition de l’opération de manipulation « Siège 12 ».
Moscou ne veut pas inventer un faux grossier mais changer « très légèrement » un mot ou une phrase réellement prononcés par le futur Pie XII. Mais pour connaître ces documents à falsifier, l’accès aux archives du Vatican est nécessaire. Or, si la demande émane du KGB, elle sera refusée. Les Soviétiques imaginent donc un stratagème, faire appel aux Roumains – c’est ici qu’apparaît Pacepa – pour qu’ils obtiennent cet accès aux archives. En 1959, Pacepa est donc envoyé, sous une couverture officielle, à la Mission roumaine d’Allemagne de l’Ouest. Pour « appâter » Rome, l’espion fait croire au Vatican que la Roumanie serait prête à restaurer les accords diplomatiques, rompus en 1951 entre son pays et le Saint-Siège.
Deux conditions sont demandées à Rome. D’abord, l’ouverture de ces archives afin que les Roumains trouvent des éléments historiques disculpant leur pays de la rupture du traité. Le but officiel est simple : si les Roumains ont pris la décision de rupture, c’était à cause de faux rapports. Ils pourront ainsi expliquer ce nouveau retournement, sans perdre la face. Le Vatican doit également faire un prêt d’un milliard de dollars, remboursable sur 25 ans, sans intérêt. Cet argent relancera l’économie roumaine.
Mais cette dernière demande – gigantesque – est un paravent. Moscou compte sur la logique humaine : devant un tel prêt, l’esprit est obnubilé par la somme et va concéder l’autre demande qui paraît alors subalterne.
Les premiers contacts ont lieu et devant cette opportunité de voir se renouer la confiance avec un pays du bloc de l’Est, le Vatican tombe dans le panneau. S’il discute effectivement beaucoup sur la somme demandée (quand Pacepa quitta pour de bon son pays natal, en 1978, ces négociations duraient encore !), il accepte que trois prêtres roumains – en fait des agents du KGB – entrent aux Archives. Le ver est dans le fruit et les agents infiltrés envoient des centaines de documents au KGB, de 1960 à 1962.
En 1963, le chef du Département de la désinformation du KGB, le général Ivan Agayants, l’un des plus grands manipulateurs de tous les temps, annonce que le plan d’attaque de « Siège 12 » est prêt : une pièce de théâtre intitulé Le Vicaire (en référence au Vicaire du Christ, nom désignant un pape) va paraître, s’appuyant sur des documents « prouvant » les faits incriminés. Il précise également que « le producteur, Erwin Piscator, est un communiste certain, entretenant depuis longtemps de bonnes relations avec Moscou. En 1929, il fonda le Théâtre prolétarien de Berlin et trouva asile en Union soviétique à l’accession au pouvoir d’Hitler, puis il “émigra” aux États-Unis. En 1962, Piscator retourna à Berlin-Ouest pour produire Le Vicaire. » La polémique est lancée et, pendant près de quarante ans, les mensonges présentant l’Église comme complice de l’Holocauste ont droit de cité.
Aujourd’hui, les révélations du lieutenant général Pacepa, sur National Review Online, rétablissent enfin la vérité. Vérité historique confirmée par de nombreux témoignages rendant justice à l’action courageuse du pape, d’évêques, de prêtres, de religieuses et de simples laïcs en faveur des Juifs persécutés. Lors de l’hommage de la Nation aux Justes de France, au Panthéon le 18 janvier 2007, le président de la République en personne, Jacques Chirac, en citait certains noms. Certains noms parmi les 2600 Justes reconnus en France, petite partie des 21 000 Justes européens.
Non, l’Église n’a jamais été complice du IIIe Reich.


La discussion

 Nom de code : « Siège 12 » ! par Thomas  [...], de XA [2008-01-07 10:52:21]
      Bravo!, de Le Cap [2008-01-07 11:25:42]
      Merci pour cette notice claire qui va circuler, de Maïe [2008-01-07 11:41:42]
      un grand merci pour cette mise au point !, de Philomène-Renée [2008-01-07 11:54:19]
      Entretien avec Andréa Tornielli, de Philomène-Renée [2008-01-07 12:15:59]
      Intéressant mais attention..., de Terpsichore [2008-01-07 12:48:15]
          Ce ne sont pas des révélations, Terpsichore, de Maïe [2008-01-07 13:08:18]
              Euh... comprends pas !, de Terpsichore [2008-01-07 14:30:07]
                  Ca me semble simple, de Une Ame [2008-01-07 14:43:50]