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l'Eglise polonaise doit "se confesser" Imprimer
Auteur : Jean Kinzler
Sujet : l'Eglise polonaise doit "se confesser"
Date : 2007-01-12 22:57:31

Le Père Isakowicz-Zaleski appelle l'Eglise polonaise à "se confesser"LE MONDE | 12.01.07 | 13h00 • Mis à jour le 12.01.07 | 14h25
CRACOVIE ENVOYÉE SPÉCIALE


C'est une session extraordinaire aux allures de réunion de crise : vendredi 12 janvier, l'épiscopat polonais s'est rassemblé à Varsovie pour plancher sur la collaboration du clergé avec l'ancienne police politique communiste (SB), cinq jours après que la démission de l'archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, a décontenancé le pays et ébranlé son Eglise.


La tension est montée d'un cran, jeudi soir, quand le père Tadeusz Isakowicz-Zaleski, chantre de la publication du nom des prélats collaborateurs, a annoncé que l'un des quarante-cinq évêques diocésains et ordinaires convoqués vendredi est un ancien agent de la SB. "L'Eglise a été victime de la répression du communisme. Ce régime s'est acharné sur elle, mais 90 % du clergé a refusé de collaborer, martèle le père Isakowicz-Zaleski, dans un entretien donné au Monde, à Cracovie. L'Eglise doit aujourd'hui se confesser et faire son mea culpa pour guérir les maux créés par ses 10 % de prêtres collaborateurs."

"Le drame, c'est que l'Eglise a eu dix-sept ans pour traiter cette question, mais elle n'a rien fait, blâme le prêtre. Pour beaucoup de fidèles, le problème n'est pas que le clergé ait pu collaborer, mais ce sentiment que l'Eglise cache un dossier difficile."

La hiérarchie de l'Eglise polonaise attend avec anxiété la publication, prévue début mars aux éditions Znak, du livre du père Isakowicz-Zaleski Le Clergé face à la SB - Le cas de la curie de Cracovie. L'auteur y liste trente-neuf prêtres collaborateurs. Parmi lesquels quatre sont, aujourd'hui, des évêques. "J'ai alerté, en 2005, la hiérarchie de l'Eglise que les archives de la SB renferment des dossiers qui sont de véritables bombes à retardement. Mais aucune mesure n'a été prise, tance le prêtre. Il y a un an encore, si l'Eglise avait réagi en consultant les archives de la SB, on aurait pu régler ces problèmes autrement. Voire les éviter." Trop tard, prévient-il. Le dossier des prélats ex-agents s'étend désormais "comme une maladie qu'on n'a pas su soigner à temps".

Bête noire de l'épiscopat polonais, qui a longtemps empêché la sortie de son livre, le père Isakowicz-Zaleski est devenu en l'espace de quelques jours, à coup de déclarations tonitruantes, l'un des visages les plus médiatisés de ce groupe de prélats et de laïcs polonais qui, avide de vérité sur le passé communiste, appelle l'Eglise à un devoir de mémoire. "Je voulais le bien de l'Eglise. Mais elle m'a présenté comme un ennemi et m'a tiré dans le dos, déplore-t-il aujourd'hui. Jamais l'Eglise polonaise n'a été si agressive."

Dans toute la Pologne, l'atmosphère est électrique, la nervosité palpable. Signe qui ne trompe pas, le président de la Conférence de l'épiscopat, Mgr Jozef Michalik, d'ordinaire calme et posé, s'en est pris, mercredi, dans un entretien à l'Agence catholique d'information (KAI), au pouvoir des médias qui ont déclenché, fin décembre, l'affaire Wielgus en publiant des allégations sur son passé collaborateur. Mardi, le cardinal Jozef Glemp, primat de Pologne, avait fustigé, à l'antenne de la télévision publique TVP, une tentative de complot contre l'Eglise : "Le fait que l'on menace de révéler des informations sur le passé d'autres religieux prouve l'existence d'un plan prémédité."

Une partie de l'opinion publique, dont la presse de droite s'est faite le porte-voix, attend aujourd'hui de l'Eglise qu'elle tire les leçons de l'affaire et prenne des mesures rapides pour passer en revue le passé des prêtres et évêques du pays. Pour la première fois depuis la chute du communisme, la Pologne s'adonne à un débat, ouvert et public, sur la collaboration des prélats avec l'ancienne police politique. L'affaire Wielgus a bel et bien brisé un tabou, se félicitent certains observateurs. D'autres objectent que le débat est faussé : cette "chasse aux sorcières", disent-ils, ne devrait pas s'acharner sur les informateurs, mais sur les fonctionnaires et les cadres de la SB - dont beaucoup vivent, aujourd'hui, en toute impunité en Pologne.

Sans précédent, cette crise aura surtout écorné une icône. Celle de l'Eglise polonaise comme force d'opposition au communisme. Et pourtant cette Eglise reste en même temps celle du pape Jean Paul II, du primat Stefan Wyszynski, du père Jerzy Popieluszko. Celle aussi de curés anonymes persécutés.



Célia Chauffour
Article paru dans l'édition du 13.01.07


La discussion

 l'Eglise polonaise doit "se confesser", de Jean Kinzler [2007-01-12 22:57:31]
      une affaire trouble , de Luc Perrin [2007-01-13 00:03:59]
      Bizarre, de LBT [2007-01-13 02:02:27]
          bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre..., de Luc Perrin [2007-01-13 11:39:52]
              optiques différentes, de Thomas [2007-01-13 13:39:55]
                  vindicte populaire ? où ça ?, de Luc Perrin [2007-01-13 14:04:46]
                  Ce qui est visé en plein Coeur, c'est Notre Eglis [...], de Christian [2007-01-13 14:11:28]