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JUILLET 2003 A MARS 2011

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Début de traduction (personnelle) Imprimer
Auteur : Thomas
Sujet : Début de traduction (personnelle)
Date : 2006-09-15 13:53:38

J'ai commencé de traduire en français le discours du Pape. Je n'ai traduit que la première moitié, mais c'est celle qui parle de l'Islam. Ça permet de se faire une idée du contexte. Pardon si la traduction n'est pas parfaite.

La foi, la raison et l'university
Souvenirs et réflexions


Vos Éminences, vos Magnificences, vos Excellences
Mesdames et Messieurs,

C'est pour moi une expérience émouvante que de revenir dans cette université et de pouvoir à nouveau faire une conférence sur cette estrade. Je repense à ces années où, après une agréable période à l'Institut Supérieur de Freising, j'ai commencé d'enseigner à l'Université de Bonn. C'était encore le temps, en 1959, de la vieille université des professeurs ordinaires. Les diverses chaires n'avaient ni assistants ni secrétaires, mais en contrepartie, il y avait plus de contact direct avec les étudiants et surtout entre les professeurs eux-mêmes.On se rencontrait avant et après les cours dans la salle des professeurs. Il y avait des échanges vivants entre les historiens, les philosophes, les philologues et, naturellement, entre les deux facultés de théologie. Une fois par semestre, il y avait un dies academicus où les professeurs de toutes les facultés se présentaient devant tous les étudiants de l'université entière, rendant possible une véritable expérience de l'universitas - quelque chose que vous aussi, Magnificent Recteur, avez mentionné tout-à-l'heure - l'expérience, en d'autres mots, du fait que malgré nos spécialisations qui parfois rend difficile de communiquer les uns avec les autres, nous formions un tout, travaillant en toutes choses sur la base de la seule raison sous ses multiples aspects et partageant la responsabilité de l'usage correct de la raison - cette réalité devenait une expérience vécue. L'université était aussi très fière de ses deux facultés de théologie. Il était clair que, en s'interrogeant sur la rationalité de la foi, elles apportaient un travail faisait nécessairement partie du « tout » de l'universitas scientiarum, même si tout le monde ne pouvait partager la foi que les théologiens cherchaient à corréler avec la raison comme un tout. Ce sens profond de la cohérence dans l'univers de la reason n'était jamais troublé, même quand on nous a rapporté qu'un collègue avait dit que notre université avait quelque chose d'étrange : il y avait deux facultés dédiée à quelque chose qui n'existait pas : Dieu. Que même face à un scepticisme aussi radical, il est encore necessaire et raisonnable de se poser la question de Dieu par l'usage de la raison, et de le faire dans le contexte de la foi chrétienne : ceci, dans l'université entière, était accepté sans discussion.
Je me souvenais de tout ceci récemment, quand j'ai lu l'édition par le Professeur Théodore Khoury (Münster) d'un extrait d'un dialogue qui s'est déroulé - peut-être en 1391 dans les quartiers d'hiver d'Ankara - entre l'érudit empereur byzantin Manuel II Paleologus et un persan cultivé sur la christianisme et l'islam, et leur vérité respective. C'est probablement l'empereur lui-même qui a rapporté ce dialogue, pendant le siège de Constantinople entre 1394 et 1402 ; et ceci expliquerait pourquoi ses arguments sont plus détaillés que ceux de son interlocuteur persan. Ce dialogue s'étend largement sur la structure de la foi contenue dans la Bible et dans le Coran et insiste particullièrement sur l'image de Dieu et de l'homme, revenant nécessairement régulièrement sur la relation mutuelle entre - comme elles étaient appelées - les trois « lois » ou « règles de vie » : L'Ancien Testament, le Nouveau Testament et le Coran. Je n'ai pas l'intention de discuter cette question durant cette conférence ; je voudrais seulement parler d'un point - lui-même marginal dans l'ensemble du dialogue = que, dans le contexte du thème de « foi et raison », je touvais interressant et qui peut servir de point de départ pour ma réflexion sur ce sujet.

Dans la septième conversation (controverse) éditée par le Professeur Khoury, l'empereur aborde le thème du jihad, de la guerre sainte. L'empereur ne devait pas ignorer que la sourate 2, 256 dit : « Il n'y a pas de contrainte en religion ». Selon les experts, il s'agit d'une des sourate des débuts, alors que Mahomet n'avait pas encore de pouvoir et était menacé. Mais naturellement, l'empereur connaissait aussi les instructions développée plus tard et inscrites dans le Coran concernant la guerre sainte. Sans entrer dans les détails comme la différence de traitement accordé à ceux qui ont le « Livre » et aux « infidèles », il interpelle son interlocuteur avec une brusquerie surprenante sur la question centrale de la relation entre religion et violence en général, en disant : «Montrez-moi seulement ce que Mahomet a apporté de nouveau, et alors vous ne trouverez que des choses mauvaises et inhumaines, comme son commandement de diffuser par l'épée la foi qu'il préchait ». L'empereur, après s'être exprimé avec une telle vigueur, entreprend d'expliquer en détail les raisons pour lesquelles diffuser la foi par la violence est quelque chose d'irraisonnable. La violence n'est pas compatible avec la nature de Dieu ni avec la nature de l'âme. « Dieu », dit-il, « n'aime pas le sang - et ne pas agir avec raison, « σὺν λόγω », est contraire à la nature de Dieu. La foi est née de l'âme, et non du corps. Quiconque voudrait mener quelqu'un à la foi doit avoir la capacité de bien parler et de raisonner correctement, sans violence ni menace... Pour convaincre une âme raisonnable, on n'a pas besoin d'un bras for, ou de quelque arme que ce soit, ou de n'importe quel moyen de menacer une personne de mort... »
La déclaration décisive dans cet arrgument contre la conversion violente est ceci : ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu. L'éditor, Théodore Khoury, observe : Pour l'empereur, en tant que bizantin formé par la philosophie grecque, cette déclaration est une évidence. Mais pour l'enseignement musulman, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, pas même à la raison. Ici, Khoury cite un travail du réputé islamiste français R. Arnaldez, qui fait remarquer que Ibn Hazn alla jusqu'à déclarer que Dieu n'est pas même lié par sa propre parole, et que rien ne l'obligerait à nous dire la vérité. Si c'était la volonté de Dieu, nous pourrions même devoir pratiquer l'idolatrie.


Ici, autant qu'est concerné la compréhension de dieu et par là la pratique concrète de la religion, nous sommes face à un dilemne incontournable. Est-ce que la conviction qu'agir irrationnellement contredit la nature de Dieu est une idée grecque, ou bien est-ce toujours et intrinsèquement vrai ? Je crois qu'ici, nous pouvons voir la profonde harmonie entre ce qui est grec dans le meilleur sens du mot et la compréhension biblique de la foi en Dieu. En modifiant le premier verset du Livre de la Genèse, le premier verset de toute la Bible, Jean commence le prologue de son évangile avec les mots : « Au commencement était le λόγος ». C'est le mot exact employé par l'empereur : Dieu agit « σὺν λόγω », avec le logos. Logos signifie à la foi raison et parole - une raison qui est créatrice et capable d'e se communiquer, précisément en tant que raison. Jean donne ainsi le mot de la fin sur le concept biblique de Dieu, et dans ce mot toutes les voies souvent laborieuses et tortueuses de la foi biblique trouve leur sommet et leur synthèse. Au commencement était le logos et le logos est Dieu, dit l'évangéliste. La rencontre entre le message biblique et la pensée grecque n'arrive pas par hasard. La vision de Saint Paul qui vit les routes d'Asie barrée et qui dans un rêve vit un Macédonien et entendit sa supplique « Viens en Macédoine et aide-nous ! » (Actes 16:6-10) - cette vision peut être interprétée comme une « distillation » de la necessité intrinseque du rapprochement entre la foi biblique et la recherche grecque.
En réalité, ce rapprochement avait commencé depuis longtemps. Le nom mystérieux de Dieu, révélé par le buisson ardent, un nom qui distingue ce Dieu de toutes les autres divinités avec leurs nombreux noms en déclarant simplement « Je suis » présente déjà un défi pour la notion de mythe, et présente une forte analogie avec les tentatives de Socrate pour vaincre et transcender le mythe. Dans l'Ancien Testament, le processus qui démarre à partir du buisson ardent arrive à une nouvelle maturité lors de l'Exil, quand le Dieu d'Israël, un Israël alors privé de sa terre et de son culte, fut proclamé comme le Dieu du ciel et de la terre et décrit par une simple formule qui résonne avec les mots sortis du buisson ardent : « Je suis ». Cette nouvelle compréhension de Dieu est accompagnée d'une sorte d'illumination qui trouve une expression marquante dans la moquerie pour les dieux fabriqués de mains humaines (cf. Ps 115). Ainsi, en dépit des durs conflits avec les souverains hélènes qui voulaient obtenir par la force l'adhésion au style de vie et au culte idolâtre des grecs, la foi biblique, dans la période héllénistique, a rencontré le meilleur de la pensée grecque à un niveau profond, résultant en un mutuel enrichissement particulièrement évident dans la littérature sapientiale tardive. Aujourd'hui, nous savons que la traduction grecque de l'Ancien Testament faite à Alexandrie - la Septante - est plus qu'une simple (et dans un sans très peu satisfaisante) traduction du texte hébreu : c'est une témoignage textuel indépendant et distinct et un pas important de l'histoire de la révélation, un pas qui éclaire cette rencontre d'une manière décisive pour la naissance et la diffusion du chistianisme. Une rencontre profonde de la foi et de la raison prend place ici, une rencontre entre une authentique illumination et la religion. En partant de coeur même de la foi chrétienne et, dans le même temps, du coeur de la pensée grecque maintenant fusionnée à la foi, Manuel II put dire : Ne pas agir avec logos est contraire à la nature de Dieu.


Thomas


La discussion

 Début de traduction (personnelle), de Thomas [2006-09-15 13:53:38]
      Merci, de Diafoirus [2006-09-15 14:32:13]
      Merci Thomas, de Griffon [2006-09-15 19:04:11]
      merci !, de Hérisson [2006-09-15 19:26:14]
      Suite et fin - Traduction complète, de Thomas [2006-09-15 20:00:05]
          et après, de abbé F.H. [2006-09-15 20:01:23]
              heu..., de Thomas [2006-09-15 20:06:30]
                  allez, je vous laisse tranquille!, de abbé F.H. [2006-09-15 20:14:12]
                      Gna gna gna, de Thomas [2006-09-15 20:16:20]
                          anti-rationnaliste obscurantiste?, de abbé F.H. [2006-09-15 20:23:26]
          Merci beaucoup, de Eti Lène [2006-09-15 20:02:57]
          Clap, clap, clap !!!, de Marchenoir [2006-09-15 20:50:19]