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S. Laurent: lectures du bréviaire (1962) Imprimer
Auteur : Alexandre
Sujet : S. Laurent: lectures du bréviaire (1962)
Date : 2005-08-09 23:16:30


Le pape s. Sixte confie à s. Laurent la distribution des trésors de l’Église

Le 10 août

S. LAURENT, martyr

Premier Nocturne

Livre de l’Ecclésiastique (51, 1-17)
Je te rendrai grâce, Seigneur roi, je ferai ton éloge, Dieu mon sauveur. Je rends grâce à ton nom, car tu as été pour moi un défenseur et un soutien. Tu as libéré mon corps de la perdition, du piège de la langue calomnieuse, des lèvres qui trament le mensonge. Face aux accusateurs tu as été mon soutien. Par la grandeur de ta miséricorde, et la grandeur de ton nom, tu m’as libéré des morsures qui allaient me dévorer, des mains qui en voulaient à ma vie, des tourments innombrables que j’ai connus, de l’étouffement du bûcher qui m’entourait (au milieu d’un feu que je n’avais pas allumé), du gouffre profond des enfers, de la langue impure, de la parole mensongère (auprès du roi, la langue injuste me calomniait).

J’en étais arrivé tout près de la mort, et ma vie était descendue aux portes des enfers. On m’entourait de partout et nul ne me soutenait; je cherchais du regard un homme secourable, et rien. Alors je me souvins de ta miséricorde, Seigneur, et de tes œuvres, de toute éternité, sachant que tu libères ceux qui comptent sur toi, et que tu les sauves de la main des ennemis.

J’ai fait monter de la terre ma supplication, j’ai prié pour être arraché à la mort. J’ai invoqué le Seigneur, Père de mon seigneur, pour qu’il ne m’abandonne pas aux jours de la détresse, à l’heure de l’orgueil où l’on est sans soutien. Inlassablement, je ferai l’éloge de ton nom, je le chanterai dans l’action de grâce. Ma prière a été exaucée car tu m’as sauvé de la perdition, tu m’as délivré de l’heure mauvaise, C’est pourquoi je te rendrai grâce et je ferai ton éloge, Seigneur.


S. Laurent est condamné à la torture et à la mort

Deuxième Nocturne

Sermon de saint Léon, pape (Sermon 85, n. 2-4: PL 54, 435-437 - CCL 138A, 535-537 – SC 200, 72-77)
Les autorités païennes en fureur sévissaient contre l’élite des membres du Christ et s’attaquaient plus particulièrement au clergé. Le persécuteur déchaîna sans pitié sa rage sur le diacre Laurent qui présidait non seulement au ministère des sacrements, mais encore à la distribution des biens de l’Église. La prise d’un seul homme promettait une double proie: la livraison du trésor sacré en même temps qu’une apostasie de la vraie religion. L’homme avide de richesses et ennemi de la vérité, s’arme donc d’une double torche: l’avarice, pour ravir l’or, l’impiété, pour arracher le Christ. Il demande au gardien irréprochable du sanctuaire de lui livrer les ressources de l’Église, objet d’avides convoitises. Le diacre très intègre, voulant lui montrer où il les avait placées, lui présente des foules fort nombreuses de chrétiens pauvres; dans leur nourriture et leur vêtement il avait inamissiblement investi ces richesses; plus sainte s’avérait la dépense, plus grande en était la sécurité.

Frustré, le spoliateur frémit et s’enflamme de haine contre une religion qui a institué un tel usage des richesses; il entreprend de dérober un trésor plus précieux encore à celui chez qui il n’a trouvé en substance aucun argent; il veut lui arracher ce dépôt plus sacré dont le diacre est riche. Il somme Laurent de renoncer au Christ et il se dispose à forcer, par de cruels supplices, l’intrépide fermeté d’âme du diacre. Les premiers sévices n’obtiennent rien, de plus violents leur succèdent. Il commande de placer un feu pour les rôtir, sous les membres lacérés et meurtris par les nombreuses déchirures des coups. Le gril de fer a déjà en soi la force de brûler par sa chaleur continue, mais si l’on retourne les membres, le changement de position produit une torture plus cruelle et une peine plus efficace.

Tu n’obtiens rien, tu ne gagnes rien, sauvage cruauté. La chair périssable échappe à tes inventions. Laurent part pour le ciel et toi, tu échoues. La flamme de la charité du Christ ne peut être vaincue par tes flammes: il fut plus faible, ce feu qui brûlait au-dehors, que celui qui embrase au-dedans. Persécuteur, tu as rendu service au martyr en sévissant contre lui; tu as augmenté la palme en accumulant les supplices. En effet, ton génie inventif a-t-il pu concevoir quelque chose qui ne tourne à la gloire du vainqueur, puisque les instruments du supplice eux-mêmes sont devenus l’honneur du triomphe? Réjouissons-nous donc, frères très chers, d’une joie spirituelle et, à l’occasion de l’heureux trépas de cet illustre héros, glorifions-nous dans le Seigneur qui est admirable dans ses saints; en eux il nous donne exemple et secours. Il a tellement manifesté sa gloire de par le monde entier que, de l’Orient à l’Occident, resplendissent les éclatantes lumières du diaconat: autant Jérusalem brille par Étienne, autant Rome s’illustre par Laurent.



Martyre de saint Laurent

Troisième Nocturne

Lecture du saint Évangile selon saint Jean (12, 24-26)
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples: " En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de froment qui tombe en terre ne meurt pas, il demeure seul; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie, la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde, la conserve pour la vie éternelle. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive; et là où je suis, mon serviteur sera aussi. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. "

Homélie de saint Augustin, évêque (Traités sur l’év. de Jean 51, 9-10: PL 35, 1766-1767)
Le Seigneur Jésus était lui-même ce grain qui devait mourir et se multiplier: mourir à cause du manque de foi chez les Juifs, se multiplier à cause de la foi des peuples. Aussi, tandis qu’il exhorte à suivre les traces de sa passion, il dit: " Qui s’aime soi-même se perd. " Ceci peut être compris de deux façons: qui aime perd, c’est-à-dire; si tu aimes, tu perds. Si tu désires garder la vie dans le Christ, ne crains pas la mort pour le Christ.

Voici la deuxième interprétation: Qui s’aime soi-même, se perd n’aime donc pas de peur de perdre, n’aime pas pour cette vie, de peur de perdre pour la vie éternelle. Cette explication que je viens de donner en dernier lieu me semble plus conforme au sens évangélique, car le contexte immédiat ajoute: " Qui se hait en ce monde se gardera pour la vie éternelle. " A la phrase précédente: Qui aime..., il faut donc sous-entendre " en ce monde ", celui-là, certes, perd. Quant à celui qui hait, en ce monde certes, celui-là se gardera pour la vie éternelle. Grande, étonnante sentence! Comme il y a dans l’homme un amour de soi pour sa perte, il y a une haine pour éviter sa perte. Si tu aimes mal, tu hais; mais si tu hais bien, tu aimes! Heureux ceux qui haïssent en gardant de peur de perdre en aimant.

Prends garde cependant, que ne s’insinue en toi la volonté de suicide, si tu comprenais en ce sens ton devoir de te haïr en ce monde! C’est ainsi que périssent certains hommes, méchants et pervers, homicides très cruels et coupables envers eux-mêmes: ils se livrent aux flammes, se noient dans les flots, se brisent dans un précipice. Cela, le Christ ne l’a pas enseigné. Bien au contraire, il a même répondu au diable qui lui suggérait le précipice: " Arrière, Satan, il est écrit: Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. " De même, il dit à Pierre, pour signifier par quelle mort celui-ci allait glorifier Dieu: " Quand tu étais jeune, c’est toi-même qui te mettais ta ceinture, et tu allais où tu voulais, quand tu seras devenu vieux, c’est un autre qui te mettra ta ceinture, et te conduira là où tu ne voudrais pas. " Ces paroles l’expriment assez clairement: il ne doit point se donner la mort, mais la recevoir d’un autre, celui qui suit les traces du Christ.


La discussion

 S. Laurent: lectures du bréviaire (1962), de Alexandre [2005-08-09 23:16:30]