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JUILLET 2003 A MARS 2011

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Prédestination ou grâce ??? Imprimer
Auteur : Tom d Acq
Sujet : Prédestination ou grâce ???
Date : 2005-05-03 00:18:55

Voici le texte d'une conférence donnée tout récemment par le supèrieur d'un séminaire de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X au sujet de l'examen des candidats au sacerdoce.

Ce texte m'étant parvenu par indiscrétion, je me permets de le porter à votre connaissance et le laisse à votre méditation...

Les dispositions de la nature et la vertu.

(le rapport du corps à l’âme, dans la perspective de l’examen des candidats au sacerdoce).

Nous avons une jeunesse que nous avons du mal à saisir, à éduquer. Comment découvrir l’origine de cette déficience de vertu ?

Partons de l’unité de la nature humaine, corps et âme. Pour étudier les dispositions à la vertu et mieux comprendre cette carence contemporaine, il faudra donc remonter jusqu’à notre nature corporelle.

Tout d’abord, il y a deux sortes de dispositions à l’agir en l’homme :
- les dispositions de l’individu ou individuelles, qui ont pour sujet la nature organique, le corps en tant que matière, puissance à la forme.
- les dispositions de la personne, qui ont trait à la vie rationnelle de l’homme, à son intelligence et à sa volonté.
Ces dispositions doivent être bien comprises.

Les dispositions sont variables selon les individus, et sont de l’ordre du plus et du moins, en raison de la diversité des corps. Du fait de l’unité de la nature humaine, les dispositions du corps, les dispositions individuelles sont pour l’âme. Par nature elles sont stables et déterminées car elles relèvent du corps. Cependant nous éviterons tout déterminisme.
Saint Thomas considèrent que même sans le péché originel, si Adam et Eve avaient eu une descendance au Paradis terrestre, leurs enfants auraient été plus ou moins robustes, plus ou moins intelligents. Cette diversité aurait exigé une autorité, une subordination entre les inférieurs et les supérieurs.

En raison des corps, il y a donc une variation dans l’agir, il y aura des défaillances en raison des dispositions du corps :
-le pusillanime
ne parviendra pas à faire ce que la nature le rendait capable de faire selon les dispositions de son corps. En cela, il y aura un péché.
- le mou de par disposition de son corps, pourra manquer de persévérance par disposition de nature.
- le voluptueux
a une entrave à la volonté.
-le tempérant par nature, sans être vertueux, posera des actes tempérants, mais pas de tempérance.
L’homme ne pourra pas résisté, il est déterminé par ces dispositions stables et déterminantes ; Lutter contre ? Changer ? Oui, mais difficilement …

Ces dispositions sont des facultés organiques :
- surtout matérielles, avec une inertie qui vient de la matière. Cette inertie vient des dispositions organiques, par transmission des organes par les parents (ex : le daltonien le restera toujours).
- formes naturelles, innées. Le penchant naturel de ces dispositions constitue une inertie par nature.
Cette inertie sera augmentée par un certain milieu, l’hérédité, le milieu de vie, la consuétude de la famille. Cette habitude (corporelle, à distinguer de l’habitus rationnel, la vertu) va se durcir : du corps, des organes, des sens externes, elle va même influencer les sens internes : la mémoire, l’imagination, la cogitative, le sens de la synthèse, les appétits irascibles et concupiscibles. Cette habitude va se cristalliser, se durcir. Ex : on voit les enfants d’alcooliques être alcooliques.

Comment réagir contre des dispositions absolument stables et déterminées, liées à la matière ? Par des réactions, des consuétudes contraires, mais reste encore à lutter contre le milieu de vie …

Mais alors, ces dispositions sont-elles altérables ?
Oui car finalement, elles restent dépendantes de la matière, matérielles, mobiles. Elles restent des informations d’une matière en puissance d’être formées. Or la matière est toujours en puissance d’être actuée par une forme, elles peuvent être corrompues, diminuées. Les dispositions sont encore mobiles. On le voit dans les passions, facilement changeantes ( irascible et concupiscible).
Cependant, comme nous l’avons dit, ces dispositions organiques constituant l’individu dans sa manière d’être habituelle, sont des habitudes stables, enracinées dans l’individu. Elles ne sont pas rationnelles : l’individu sera dominé. C’est un état de l’homme, et non son activité, caractérisé par l’inertie.

Est-ce une incapacité à la vertu ?

L’activité des fonctions spirituelles dépend des dispositions du corps. Ces dispositions corporelles seront-elles contraires ou non ? Seront-elles ordonnables au bien de la nature ? Empêchent-elles le développement de vertus morales ?
Mais tout d’abord, qu’est-ce que la vertu ?
Ce sont des dispositions stables rationnellement. En quelque sorte, ce sont de bonnes idées fixes (à distinguer des mauvaises quand, dans le domaine de l’opinion par exemple, ce par quoi l’intelligence comprend le contingent, on proclame des certitudes).
Mais cette stabilité rationnelle est-elle vraiment ferme ?
Les vertus intellectuelles sont stables car leur objet est stable ( ex : mathématique, deux et deux font toujours quatre). Une science sera d’autant plus stable et certaine que son objet est stable et connu avec certitude.

Dans l’ordre de l’agir, les vertus morales tiendront leur stabilité de leur principe : le bien rationnel : la fin. Plus la fin qu’on a en vue est stable, plus la vertu morale sera stable. Il faut garder la fin devant les yeux sinon la vertu va s’amoindrir.
Selon la vie rationnelle, le mode vertueux est la mise en œuvre des vertus de prudence (qui ordonne au bien rationnel) et de justice légale (qui ordonne au bien commun).

Les dispositions organiques sont-elles ordonnables à la vertu ?


Il faut distinguer entre - les dispositions individuelles organiques bonnes.
Ces habitudes sont ordonnables au bien commun rationnel,
et permettent une finalisation au bien commun, d’agir pour le bien commun.
Mais, après ce qu’on doit à la génération et à l’hérédité, le milieu de vie apportera ses consuétudes : c’est l’importance de l’éducation, le bienfait des familles nombreuses (Ia IIae, Q 95, a 1). Avec un ou deux enfants, l’éducation à la vertu est altérée.
Mais l’homme sera achevé surtout dans l’ordre politique : la polis, la cité perfectionne la famille.

- les dispositions individuelles mauvaises.
Contraires au bien
commun rationnel, elles inclinent au mal. Si de plus la famille ne peut donner un correctif à la génération, l’hérédité, si le milieu de vie habituel n’est pas vertueux quand les parents ont eux-mêmes cette mauvaise disposition, que faire ? (ex : alcoolisme)
De plus, si le gène mauvais a sauté des générations, s’il est d’une quatrième génération, et que l’enfant qui possède la mauvaise disposition organique est dans une bonne famille, que faire ? Comme le remarque saint Thomas quand il traite de l’acquisition des vertus, il faudra de la force, de la crainte et du temps pour vaincre cette disposition. Les lois seront nécessaires. Puis, ce qui était forcé deviendra avec le temps une consuétude, volontaire, et finalement vertueuse, facile et agréable, sans effort.

Mais quand l’éducation est défectueuse, que faire ?
Quand il n’y a plus de cité politique, l’homme est difficilement achevé.
Ou trouvera-t-on les hommes ? Des hommes pas mous capables de tenir la fin qu’ils avaient en eux. La vertu devient difficile.
Les hommes ne peuvent persévérer dans l’effort, agir par prudence et justice légale.
Cela fait penser à la division retenue par saint Thomas, les trois septénaires :
- jusqu’à 7 ans :
l’homme est dans l’hérédité, ne reçoit vraiment ni de lui, ni par un autre.
- de 7 à 14 ans : l’homme connaît de plus en plus par autrui.
- de 14 à 21 ans : il va acquérir finalement ce par quoi il sera parfaitement maître de lui, pour agir vertueusement à 21 ans.
Or, de nos jours, comment forger des caractères ? Ce n’est que sur la facilité : tout ce qu’on veut, tout de suite, sans difficulté.
Les vertus infuses, les dons du Saint Esprit ont une entrave s’il y a absence des vertus acquises.

Les petits séminaires étaient une solution. Il faudrait permettre d’obtenir des habitudes pour trouver le bon moyen en vue d’une fin choisie, trouver le bon moyen pour agir bien. Pie XI a reçu la soutane à dix ans.
Mais rallonger les six ans actuels semblent inutiles, surtout en ce qui concerne les études. Il vaudrait mieux placer un temps d’apostolat, dans des séjours en prieuré, quelques mois ».

FIN de la conférence.
Les parties en gras sont les mots ou les phrases utilisés exactement par le conférencier.

Commentaire de la conférence :

Malgré les faibles efforts pour écarter le déterminisme, on voit bien qu’une telle théorie érigée en système donne aux dispositions physiques une importance disproportionnée pour acquérir la vertu. Si ces propos s’arrêtent à une forte influence, l’erreur est écartée. Mais on insiste lourdement sur les dispositions organiques. Il y aurait un précipice, une pente terrible, mais, pour éviter l’hérésie déterministe, on nous rassure en disant en passant qu’il n’est pas nécessaire de tomber. La volonté peut l’emporter sur le corps. Ces dénégations ne sont pourtant pas suffisantes pour faire passer l’impression évidente et nette, le soupçon d’erreur déterministe. Où se trouve la grâce dans ces conception, où se trouvent les grâces actuelles « sanans » ?

A l’objection d’un monde païen qui a reçu l’Evangile, le conférencier considère que l’Empire Romain est un terminus a quo de privation de Dieu, alors que la société actuelle est un terminus ad quem de négation de Dieu. Or une telle réponse ne rend pas compte de l’indifférence contemporaine, qui oscille entre une idolâtrie de l’égoïsme (qui est en effet une négation de Dieu et une apostasie) et le vide d’une jeunesse sans repère qui peut être finalement réceptive de la grâce. De plus, les populations barbares européennes et les peuples sauvages n’avaient guère plus de dispositions pour le salut que nos sociétés contemporaines. Certes, nos contemporains sont apostats et plongés dans le confort. Ils sont pour ainsi dire privés de la force, du courage, du sens des réalités que donnaient la pauvreté et le travail pénible accepté. C’est pourquoi il serait même bon de retourner à la terre. Mais la nature humaine serait-elle à ce point détruite ?
Le christianisme s’est d’ailleurs développé tout d’abord dans les villes, par la prédication des apôtres, par le modèle des membres des communautés juives converties. Saint Paul salue les chrétiens de la maison de César, qui vivaient à la cour païenne sans se séparer, sans se sectariser.

Cette théorie des dispositions corporelles n’est pas la première partie naturelle d’un développement qui comprendrait l’action de la grâce. Son auteur en plusieurs années d’enseignement ne développe jamais cette action de la grâce. Il faut l’avoir vécu pour le savoir et comprendre que malgré les deux ou trois phrases de style qui nient un déterminisme, de fait, il y a bien l’affirmation d’un corps qui conditionne quasi nécessairement la vertu en général pour dépasser l’honnête homme et devenir chrétien, la vertu pour être prêtre, et même la vertu pour se sauver.

Ce déterminisme corporel est une damnation par un « don » divin d’un corps débile, et d’un milieu familiale défaillant. Cela revient au jansénisme selon l’acceptation ordinaire du mot, c’est à dire la théorie d’un Dieu qui damne positivement en ne donnant pas la grâce à ceux qui n’ont pas été prédestinés au Paradis. Certes, les élus sont prédestinés positivement au Ciel, mais l’Eglise condamne l’idée d’une prédestination positive à l’enfer. Dieu veut permettre le refus de la grâce et la damnation, mais ne l’organise pas et ne les veut pas positivement. Encore une fois, Dieu « veut permettre » la damnation.
Pour les jansénistes au sens courant du mot, si Dieu donne la grâce, une aide surnaturelle pour poser les bonnes œuvres, pour mériter par des actes surnaturels et se sauver, les damnés ne reçoivent pas de grâce du tout, même en soi suffisante pour être saisie par la volonté libre. De cette vérité selon laquelle toute bonne action vient de la grâce, ils en déduisent à tort que ce serait un blasphème de considérer une grâce, une aide de Dieu qui ne parviendrait pas à son but, qui ne serait pas intrinsèquement efficace. Ils affirment alors qu’il n’y a pas de grâce du tout pour le damné. Dieu l’a décidé ainsi, c’est le maître. Si donc un homme refuse la grâce, plutôt que d’entendre parler d’une grâce divine qui n’aurait pas atteint son but, ils nient la présence même de toute aide divine refusé par ce damné. Dieu ne lui a pas donné de grâce, Il l’a prédestiné à l’enfer. On ne peut même pas dire qu’il a refusé la grâce suffisante, la main tendue de Dieu.
C’est la négation du mystère de la rencontre de la liberté et de la grâce, les deux bouts d’une même chaîne selon le mot de Bossuet. Les jansénistes avaient ajouté aux litanies des saints : « De la grâce suffisante, libérez-nous Seigneur ! ». Il est vrai que le mystère reste entier car c’est encore la grâce qui conduit la main du pécheur vers la main tendue par Dieu …

Ainsi donc, si Dieu donne un corps débile, aux dispositions non ordonnables au bien, si en plus, le milieu de vie ne corrige pas ce corps, si la société politique est corrompue, on se demande si Dieu n’a pas refusé la grâce efficace, et même la grâce tout court, toute aide. L’homme sera déterminé par un corps donné par Dieu. Cette théorie s’appuie habilement sur des vérités : l’homme sensuel, ou aux parents tarés ou alcooliques est mal parti dans l’existence, surtout s’il a reçu une mauvaise éducation et que la cité est corrompue. Cela d’autant plus qu’il est vrai que la grâce, la surnature suppose une nature apte à recevoir ses secours. Si les vertus acquises sont absentes, si les racines sont absentes, la grâce ne peut guère se greffer.
Mais qu’a-t-on fait de ce Dieu qui donne les grâces suffisantes pour que tous les hommes soient sauvés, pour agir dans le mystère de la liberté et de la grâce ? Les grâces actuelles peuvent soigner un corps, guérir une volonté vide de la grâce habituelle d’une mauvaise éducation, la protéger d’une société même apostate. Les alcooliques seraient-ils ordonnés par nature puis par mauvais exemple à la damnation ?

Application aux séminaires :

Lorsqu’on dépasse l’exemple de l’alcoolisme, et qu’on aborde les vertus nécessaires au sacerdoce, la prudence, la justice légale, la persévérance, on comprend le pessimisme qui règne dans le séminaire où une telle théorie serait appliquée.
On aimerait connaître alors les critères physiques qui montrent que le candidat aura de grandes difficultés à vaincre des dispositions organiques. Faudra-t-il une visite médicale, un examen morphopsychologique, et même le dossier médical des parents ?
On comprend également pourquoi il est inutile de parler aux séminaristes, de tenir compte de leurs actes de vertus. Car, s’il manque les dispositions individuelles, un jour ils tomberont par manque de persévérance. D’où l’absence de critères objectifs de départ, le renvoi sur impression extérieure. Si le directeur ne parvient pas à « cerner » le séminariste, il peut être un mauvais sujet et doit être écarté, sans discussion inutile puisque ces défauts sont ancrés dans sa nature corporelle … il pourrait un jour être indocile : il manque de docibilité. On se plaira alors à les voir marcher, manger, rire pour déterminer leurs dispositions individuelles … De fait, il est vrai que le comportement physique révèle l’intérieur, mais pas de manière absolue … ce serait de la divination du for interne.
Ex : Le père Barrielle devinait l’état de désolation ou de consolation des retraitants à leur démarche ; « Le vêtement d'un homme, le rire de ses lèvres, et la démarche d'un homme révèlent ce qu'il est (Ecclésiatique 20, 27) » ; « Le sot éclate de rire bruyamment, le rire de l'homme de sens est rare et discret (Ecclésiastique 21, 20) ».

Mais il y a des limites à ces remarques de bon sens, à la morphopsychologie. L’homme juge de l’extérieur, Dieu seul sonde les reins et les cœurs … Et surtout, dans le doute, il ne faudrait pas appliquer le principe de précaution, et sombrer dans l’injustice …

« Si vous êtes incapables de scruter les profondeurs du coeur de l'homme et de démêler les raisonnements de son esprit, comment donc pourrez-vous pénétrer le Dieu qui a fait toutes ces choses, scruter sa pensée et comprendre ses desseins ? Non, frères, gardez-vous d'irriter le Seigneur notre Dieu! (Judith 8, 14) ».

« Le coeur est rusé plus que tout, et pervers, qui peut le pénétrer ? Moi, Yahvé, je scrute le coeur, je sonde les reins, pour rendre à chacun d'après sa conduite, selon le fruit de ses œuvres (Jérémie 17, 9-10) ».

« En ces jours-là on ne dira plus: Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des fils sont agacées. Mais chacun mourra pour sa propre faute. Tout homme qui aura mangé des raisins verts, ses propres dents seront agacées. Voici venir des jours - oracle de Yahvé - où je conclurai avec la maison d'Israël (et la maison de Juda) une alliance nouvelle. Non pas comme l'alliance que j'ai conclue avec leurs pères, le jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d'Egypte - mon alliance qu'eux-mêmes ont rompue bien que je fusse leur Maître, oracle de Yahvé! Mais voici l'alliance que je conclurai avec la maison d'Israël après ces jours-là, oracle de Yahvé. Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur coeur (Jérémie 31, v. 29-34)

Et vous dites: "Pourquoi le fils ne porte-t-il pas la faute de son père?" Mais le fils a pratiqué le droit et la justice, a observé mes lois et les a pratiquées, il doit vivre. Celui qui a péché, c'est lui qui mourra! Un fils ne portera pas la faute de son père ni un père la faute de son fils: au juste sera imputée sa justice et au méchant sa méchanceté. (Ezéchiel 18, v. 2-27) ».

En ce qui concerne l’éducation, il est évident que l’influence est grande et les souverains pontifes n’ont cessé d’insister sur l’importance des familles vraiment chrétiennes, de la prière en famille, des familles nombreuses comme source des vocations religieuses et sacerdotales. Dans ce même ordre d’idées, l’Eglise pose des irrégularités, des empêchements aux ordres quand l’enfant est naturel ou adultérin. Mais il y a des dispenses. On peut considérer que le candidat est méritant. La grâce peut sortir une âme d’un milieu tiède, médiocre ou même hostile. La grâce et les dons du Saint Esprit …

Application à l’apostolat auprès des fidèles :

Une telle théorie déterministe pourra être étendue et appliquée à l’entrée dans les chapelles de la Tradition. Cela provoquera un tri. Ne seront acceptés non pas tout de même uniquement que ceux qui auront un corps parfait, mais ceux qui ont de bonnes dispositions naturelles, de bonnes origines familiales. En fait, pour devenir chrétien, il faudra l’être déjà un peu avant. Cette théorie poussée à l’extrême est celle des communautés protestantes amisch aux Etats-Unis. Que Dieu nous préserve d’une telle dérive ! Les chrétiens sont toujours restés au milieu du monde pour être un levain et convertir par leur bonnes oeuvres, être le sel de la terre.

Par définition, la conversion est un retournement, l’âme se détourne de ses mauvaises voies pour verser, se convertir, aller vers le bon chemin. Elle fait demi-tour. La grâce a soigné la nature sans la briser. Le corps, l’éducation même dans un très mauvaise état ne nécessitent jamais la volonté car sinon Dieu donnerait un corps et un entourage de damnation. Si Dieu fait naître un enfant de parents alcooliques et cambrioleurs, dire que la volonté de cet enfant ne peut briser cette épreuve, ou sous-entendre que cela est quasiment impossible, c’est faire de Dieu l’organisateur positif de la damnation. C’est le mystère du corps et de la grâce, et non plus le mystère de la liberté et de la grâce, du libre arbitre et de la grâce.

Un tel danger se comprend dans un milieu catholique traditionaliste en but à l’adversité depuis plus de trente ans. Le monde continue encore à se corrompre. Les grands-parents actuels ont vécu et ont été éduqué dans un après-guerre qui a enfanté mai 68. Leurs enfants nés en 68 n’ont que quelques bribes d’une société morale, et les enfants des années 2000 sont éduqués par cette génération sans repère ... On peut comprendre le pessimisme de prêtres et de fidèles désabusés d’une telle décadence. Mais on voit bien que ce pessimisme mène à une rétractation craintive excessive malgré les dénégations, voire même des déclarations optimistes et enthousiaste de reconquête.

Conclusion :
Il semble que l’on fera un tri trop sévère, si ce n’est à l’entrée de nos chapelles, du moins à l’entrée de nos écoles, surtout à l’entrée de nos séminaires. Heureusement, avant les années quatre-vingt-dix, cet état d’esprit ne régnait pas encore, et de nombreuses vocations ont pu passées. Mais de l’avis de beaucoup, on sait qu’avec une telle sélection, de bons prêtres dont nous bénéficions maintenant, n’auraient pas passé la barre. Des séminaristes venant même des écoles de la Tradition ont été trouvés déficients, ce qui est inquiétant pour l’avenir de la Tradition. Elle serait alors un monde clos autosuffisant de par ses écoles, surtout les pensions, et de par ses séminaires sans apport extérieur diluant. En un mot, une petite Eglise.


La discussion

 Prédestination ou grâce ???, de Tom d Acq [2005-05-03 00:18:55]
      Quel beau procede !, de Victor [2005-05-03 04:19:33]
          GLUP!, de Semper parati [2005-05-03 09:29:59]
          La FSSPX doit réagir : La vérité vous fait-ell [...], de del Val [2005-05-03 09:32:49]
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                  Les fidèles commencent à, de JacqHou [2005-05-03 10:49:58]
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